dimanche 17 janvier 2010

Malaise

Pendant une interview, une actrice que nous aimons beaucoup, Jean-Marc L et moi, nous dit tout le mal qu'elle pense de Gainsbourg, le film de Johann Sfar. Elle est tellement fâchée contre ce film, contre l'accueil clément que lui réserve critique en général, qu'elle en a les larmes aux yeux.
A la fin de l'interview, nous continuons la conversation avec elle sur le Gainsbourg, qu'elle juge manifestement abject (ce ne sont pas ses mots). Mais nous nous demandons, elle et nous, s'il faut laisser ce passage de l'interview dans sa retranscription dans le journal. Est-ce que cela ne risque pas de faire du tort à sa carrière ?
Elle hésite : pourquoi ne pas dire ce qu'on pense publiquement ? Quand elle sera vieille, ne regrettera-t-elle pas de ne pas toujours avoir affirmé ce qu'elle pensait ? Qu'est-ce qui compte : que quelqu'un ose dire du mal du film (je ne l'aime pas moi-même mais n'ai pas écrit dessus) ? Ou qu'elle puisse continuer à faire des films ?
A priori, nous sommes d'accord : il faut le dire, le publier, la liberté d'expression ne s'use que si l'on ne s'en sert pas, etc. Mais se fâcher avec beaucoup de monde, à quoi ça sert au fond ?
Nous nous quittons sans avoir trouvé de réponse.
Le cinéma français sent mauvais en ce moment. Non, pas le cinéma, la France.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"pourquoi ne pas dire ce qu'on pense publiquement ?" ; le malaise existentiel, vraiment. N'est-ce pas M. Kaplan ? Dsl de vous écrire rapidement, par message interposé et sans nom, je ne sais pas comment inscrire une URL. Un jour peut-être nous nous parlerons (à nouveau) sans rien nous dire...