mardi 2 février 2010

Déclaration d'indépendance (2)

Le critique n'est pas tout à fait seul. Il a des interlocuteurs : ses collègues et confrères, les attachés de presse, et ce qu'on appellera sa culture générale pour simplifier.

On choisit les collègues et confrères avec lesquels la discussion pourrait être profitable. On est aussi choisi par eux (je décompose, là, pour éclairer, si possible). On ne parle pas à n'importe qui, n'importe qui ne vous parle pas (heureusement - vous noterez quel ton rogue j'emploie pour parler de cette activité somme toute peu reluisante). On se flaire, on s'aborde, on se fuit, on se méfie, on se confie, on s'épie. On s'admire, on se jalouse. On dit du mal des gens qu'on apprécie, on dit du bien de nos imbéciles. On se grandit parfois, on s'abaisse souvent, on calcule, on s'abandonne aussi au plaisir des grands articles.

Les attachés de presse sont dangereux. Leur travail consiste à vous séduire. Chacun a sa méthode, même la plus surprenante, surtout la plus surprenante (le mépris). Le critique, vieux ronchon, est sensible à la flatterie aussi bien qu'au dédain, qu'il veut faire tomber, bien sûr. Il oublie sa réserve, il aime oublier jusqu'au métier qui nourrit son interlocuteur. Même quand il n'est pas dupe, il se fait avoir. Il aime se faire avoir.

Pourtant, quand il est face à l'écran blanc, il oublie tout le monde parce qu'au fond du fond, il sait bien que personne ne l'aidera. Il n'en fait qu'à sa tête.

(A suivre)

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