dimanche 14 février 2010

Le "Plaisir" ?

La question revient toujours : "Avez-vous pris du plaisir à tourner ce film ?" (encore l'autre jour, à la radio, dans l'émission de Stéphane Bern sur France Inter, dont il semble que chaque chroniqueur ait été choisi pour sa bêtise crasse ou son inculture profonde).
Comme si le plaisir était la clef de tout, la garantie de la réussite artistique. 
Les "making of" ne tendent qu'à ça : montrer le plaisir de travailler ensemble, de faire un film.
Les bêtisiers ? La joie de se tromper dans son texte.


Mon expérience d'un tournage de film est assez limitée (j'ai quelque peu assisté et stiagiairisé il y a fort longtemps), mais quand même. J'en sais assez pour pouvoir affirmer que c'est long, ennuyeux, pénible, parfois humiliant, et très peu amusant. On crève de froid, on boit trop de café, on fume n'importe quoi, on ne dort pas assez. Un acteur qui se trompe dix fois dans son texte ne fait rire que lui (le perchman, vous croyez qu'il trouve ça drôle, vraiment ?). 

A chaque fois que je me suis retrouvé sur un tournage, j'ai eu l'impression de me retrouver dans mon régiment de hussards en manoeuvre, et ça ne me fait pas rire (je cauchemarde encore que je suis rappelé sous les drapeaux).

Que certains y trouvent du plaisir, je veux bien le comprendre, mais je ne vois guère ce que le plaisir vient faire dans ce travail lent et harassant. On peut éventuellement tenter de rendre un tournage plaisant, mais il ne l'est pas naturellement.

Exige-t-on de son boucher qu'il ait trouvé du plaisir à couper ses tournedos ?

3 commentaires:

anne b a dit…

Bien vrai, bien dit. Je crois qu'un des plaisirs possibles des participants à un tournage, c'est de bien faire son travail (comme n'importe où ailleurs). Quant au réalisateur, il a quand même un plaisir supplémentaire, c'est qu'il sait où il va, il sait ce qui se construit là (enfin, il sait un peu). Sinon, un tournage est une chose absurde!

Pierre Léon a dit…

peut-être y a-t-il deux trois moments de bonheur, mais ça n'a rien à voir avec le plaisir. Celui-ci refait surface, parfois, au moment du montage, quand on essaie de désabsurdiser la chose…

Anonyme a dit…

Oui, j'aime bien me dire que mon boucher éprouve du plaisir, éprouve-t-on du plaisir, non trouver du plaisir à couper mon tournodo. Je devrais lui poser la question. Il pourrait trouver cette question indélicate, je pourrais lui répondre qu'il s'agit d'une émission de radio hors-cadre.