jeudi 11 mars 2010

"Pallier l'absence" : la manie des images et la peur du vide

"Il n'y a pas d'images de la rafle du Vel d'Hiv, il fallait combler ce vide" (La Rafle de Rose Bosch).

"Il n'y a pas de films français sur la guerre d'Algérie, il fallait combler se vide" (tous les films sur la guerre d'Algérie). 

"On se demande pourquoi le cinéma français ne raconte pas ses écrivains, comme le fait le cinéma américain" (une critique littéraire vantant Truman Capote).

Tout cela est globalement assez faux (Les guichets du Louvre de Michal Mitrani et Monsieur Klein de Joseph Losey pour le vélodrome d'hiver ; beaucoup de films sur la guerre d'Algérie depuis La bataille d'Alger ; Sagan de Diane Kurys). Mais ce n'est pas la question. Cela ne suffirait jamais de toute façon

Car

La question, ma question, mes questions : 

Pourquoi le cinéma aurait-il pour fonction de tapisser d'images l'histoire passée ?

D'où vient cette peur du vide d'images ? Sans elles, rien n'existe ? Ne peut-on s'en forger tout seul ? Doit-on substituer à son regard bla bla bla ? Et l'imagination ? Ne peut-on penser sans imaginer (je croyais que oui, qu'il le fallait même) ?

Pourquoi cette crainte que les choses s'oublient si on ne les montre pas, même si les films sont nuls (on s'en fiche, des films, on veut son sujet) ?

Pourquoi cette conviction que les gens ne savent rien ?

Pourquoi cette peur que ce que nous savons ne soit pas su par les autres ?

Etc.



2 commentaires:

gilliani a dit…

Mr Kaplan, la grave question qui se cache derrière celle-ci, il est temps pour vous de l'affronter : faut-il assigner au cinéma des sujets ? faut-il montrer aux cinéastes ce qui mérite leur attention ? le cinéma qui s'intéresse à aujourd'hui a-t-il plus de titres à nous plaire que celui qui s'intéresse à hier ? les films d'histoire sont-ils a priori plus ou moins aimables que les films à personnages ? etc.

Unknown a dit…

Merci d'avoir recentré le débat.