Procrastinations, tergiversations et ratiocinations vagues d'un critique de cinéma (existent en toutes tailles)
lundi 7 mars 2011
Boxe avec Coppola
J'ai rencontré deux fois Francis Ford Coppola dans ma vie.
La première fois à Cannes, où il présentait Tetro. Interview très courte sur la terrasse de la Quinzaine des Réalisateurs. Homme charmant, pressé, un peu trop peut-être, précédant les questions que je ne voulais pas lui poser. Mais impeccable, curieux, surprenant (il a fait l'éloge de la couleur de mon polo : violet).
La seconde fois, ce fut une catastrophe. J'étais avec mon camarade JJG dans une suite de palace à Paris. En fait, Coppola ne voulait pas une interview. Il voulait qu'on lui rentre dans le lard (c'est une image). On ne s'y attendait pas, on n'était pas en forme, j'ai paniqué (on panique facilement devant les gens qu'on admire), le gros barbu m'a renvoyé une question dans les gencives, JJG est intervenu, il nous a bien défendus (je perdais le peu d'anglais que j'ai dans la fuite), mais notre proie était fort déçue. Il nous a demandé pour quel journal on écrivait. Le cauchemar.
Et puis Francis Ford Coppola nous a fait un truc tordu. Il nous a demandé (sommé ?) de lui poser une question bien dérangeante, compliquée, le mettant en porte-à-faux, en difficulté, le faisant trembler sur ses bases. Un truc qui le ferait transpirer, a-t-il ajouté en montrant son front de son index boudiné (il me fait penser à mon père).
Un vrai défi, le truc impossible dans notre état. Je crois même qu'il serrait le poing en attendant l'attaque.
Je me suis revu vingt ans plus tôt face à un prof de la Sorbonne qui voulait me laisser une dernière chance : "Dites-moi quelque chose d'intéressant sur un sujet qui vous intéresse"... Le truc de pervers. Argh. Pas ça, Francis, pitié.
Il nous a dit aussi qu'il en avait marre qu'on le respecte, qu'on lui parle comme à un vieux. Mais comment agresser un type qu'on admire autant ? Comment le lui faire comprendre ? Le temps filait.
On s'est débrouillé. J'ai oublié la suite (je veux oublier la suite).
On s'est pas compris. Raté. Rater une rencontre avec Francis Coppola (j'en frémis encore). Pfff... Le pire, c'est qu'on a quand même réussi à en sortir quelque chose pour le journal, je ne sais pas comment.
Mon plus gros échec. En même temps, ça fait un souvenir spécial. Cuisant, mais spécial.
Attends un peu, Francis, tu verras la prochaine fois. Tu veux de la baston ? On va pas te rater, crois-moi. T'as intérêt à venir avec un casque et une armure. Compris ?
Libellés :
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1 commentaire:
S'il faut lui rentrer dedans, la prochaine fois, parlez-lui de son vin, parce que c'est vraiment de la piquette moisie! Sur ses films rien à dire!
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