Quand j'étais petit, j'ai vu un film qui m'a beaucoup impressionné. C'était un documentaire tourné il y a très longtemps, à une époque où le cinéma était encore muet.
On y voyait des hommes très agités. L'un d'entre eux, très cambré, habillé comme "à l'époque" (comme disent les enfants), tenait une feuille devant lui et avait l'air de déclamer. C'est le souvenir que je gardais de ce film. Un documentaire avec des gens fiévreux, si fiévreux que je me demandais parfois si je n'avais pas rêvé ou cauchemardé ce film lors d'une de ces maladies infantiles qui nous clouaient au lit avec un bon 40 °C ; les jours semblaient durer des mois. Après, il fallait faire désinfecter la chambre avec une grosse bonbonne de je ne sais pas quel produit vaporeux.
Et puis j'ai grandi, chose somme toute assez normale, même pour moi, et j'ai fini par me rendre compte de l'improbabilité de ce film documentaire. Il était impossible que je l'ai vu, puisque le cinéma n'existait pas à l'époque où se déroulait l'action.
Avec un peu de raison, j'aurais dû me dire qu'il ne s'agissait pas d'un documentaire, mais d'une fiction. Mais non, j'étais désormais persuadé de l'avoir rêvé. J'en étais presque arrivé à me demander si je n'avais pas pu voyager dans le temps.
Et puis un jour, plus grand, j'ai revu ces images. Elles étaient dans le Napoléon d'Abel Gance et il s'agissait de la scène où Rouget de Lisle écrit et chante pour la première fois la Marseillaise.
2 commentaires:
Tu as retrouvé ta poussière et les traces en t'évertuant. J'aime beaucoup la bonbonne de je ne sais quoi, qui me donne l'impression de voyager dans le temps et que tu dates de l'époque.
j'ai partout cherché cet extrait pendant fort longtemps .. pas la moindre trace sur youtube ni daily motion
Enregistrer un commentaire