Il y a quinze jours, le 3 avril précisément, nous avons interviewé ensemble, Jean-Marc Lalanne et moi, Gérard et Julie Depardieu. Ils avaient accepté de nous parler, de se parler devant nous.
Cette interview n'est pas encore parue et il n'est pas dans mes intentions d'en parler ici.
C'est juste qu'il n'y avait pas de caméra. Pas de montage. Du jeu, oui, bien sûr, mais pas de dramatisation.
Il y a quelques années, j'ai passé une journée au stade Roland-Garros, pour la seule fois de ma vie. J'y ai assisté à quatre matchs.
Je fus frappé par la rapidité des enchaînements entre les balles. A la télévision, le montage ralentit et dramatise chaque geste, les plans rapprochés sont censés nous permettre de lire les sentiments qui traversent les joueurs.
Dans la réalité, j'eux presque l'impression que les joueurs s'ennuyaient, ou plutôt qu'ils étaient blasés. Gagner, perdre, c'est leur lot quotidien depuis années, et ça ne semblait plus rien leur inspirer, sinon un fugace dégoût ou une joie vite évanouie.
Les Depardieu sont des gens certes particuliers. Mais pas plus que mes cousins - je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.
Les cousins ont un drôle de statut. Comme on ne les connaît pas si bien que ça, on les regarde avec un peu de distance. Et puis eux continuent à vivre comme si de rien était. Ils connaissent des drames, des perte, des deuils, qui les sculptent, les marquent eux aussi, mais qui ne les empêchent pas de continuer leur existence. Et qui nous touchent moins qu'eux, même si on appartient à la même famille.
Le lieu où avait lieu l'entretien donnait sur une cour intérieure, que nous traversions pour aller d'un bâtiment, d'une pièce à l'autre. Comme si nous avions été à la campagne. Parfois, Julie et Gérard s'appelaient d'une pièce à l'autre. Par un cri.
Je retrouvai soudain des souvenirs de mon enfance, quand j'allais passer une après-midi chez mes cousins de Saint-Amour, de Pruzilly, de la Chapelle (de Guinchay), ou chez la cousine Viloutreix (celle dont on disqit qu'elle avait capté un héritage). Les adultes buvaient gentiment du rouge sans étiquette, on allait jouer dans le jardin, nous les enfants, les mouches nous taquinaient, les vignes brillaient là-bas sous le soleil, le nez piquait quand on sulfatait. La tante Lucienne avait préparé un gâteau pour le goûter.
"Ouoh !" criait l'oncle Maurice en arrivant par la chaintre. "Hé !", répondait la tante Lucienne sans lever le nez.
Je les aimais beaucoup.
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