Depuis quelques jours, nous sommes plusieurs journaux à nous réjouir de la Palme d'or de cette année. Même les plus rétifs aux prix (dont je fais partie) n'ont pu réprimer un cri de joie et même une petite larme (mais c'était sans doute le pollen printanier).
Oui, nous sommes pas mal à être contents pour Apichatpong Weerasethakul, que nous suivons de près, dont nous aimons les productions depuis environ dix années. Nous avons l'impression, valorisante, d'être pour quelque chose dans son succès honorifique. Et ça ne nous arrive pas tous les jours.
Le truc, après, c'est d'essayer de ne pas tirer la couverture à soi. On en connaît tous, des vieux critiques que je ne nommerais pas, qui s'enorgueillissent d'avoir découvert untel, de l'avoir aidé dans son ascension, d'être son ami, d'avoir su le promouvoir et le faire reconnaître à sa juste valeur, voire même à une valeur supérieure à sa valeur réelle. A entendre un type somme toute plein de bravoure comme Pierre Rissient, Eastwood ne serait rien sans lui, et John Ford lui a un jour glissé à l'oreille que personne n'avait jamais aussi bien compris son cinéma que lui...
Et on sent déjà certains chercher à se distinguer d'une masse peu conséquente mais qui leur semble trop considérable. Untel cherche à faire croire qu'il a toujours été le seul, dans son journal, à croire en Weerasethakul. De "nous", on passe à "je".
Voilà donc que la couverture bouge encore, se rétrécit. On la veut pour soi seul, comme Linus et son doudou dans les Peanuts, ou Laurel et Hardy se réfugiant dans un lit trop petit pour eux deux.
On tire la couverture à soi pour se protéger, s'emmitoufler, régresser.
Mais elle finit par ressembler un peu à un linceul dérisoire, la couverture.
1 commentaire:
ca m'rappelle Michel Reilhac qui balance sans souci en itw que sans lui Miyazaki n'aurait jamais pu faire Chihiro...
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