De cette interview (pas très passionnante, je dois le reconnaître) de Woody Allen, je garde surtout le souvenir du décor.
C'était la première fois que je mettais les pieds au Ritz - depuis, bien sûr, j'y vis à l'année.
Quand l'attachée de presse (la publiciste, disent les Américains, je crois) ouvrit la porte pour me faire entrer, je compris pourquoi elle avait tenu à m'accompagner.
Le salon était gigantesque. Au fond, un énorme canapé, avec un petit monsieur dont je ne distinguais pas bien les traits. On aurait dit un gardien au milieu de ses buts.
Après un petit quart d'heure de marche, je finis par le rencontrer : c'était bel et bien Woody Allen, dans une jolie chemise bleue. Il était bien urbain, dois-je dire.
Je le fis sourire à un moment. Il était en train de parler des gens qui mangent trop, et, par réflexe, je rentrais aussitôt mon ventre (je souffrais d'un léger embonpoint). Mais tout cela est dans le petit texte d'introduction de l'interview et n'a guère d'intérêt.
Non, ce qui me reste de cette interview, c'est l'image de ce petit New-yorkais assis dans un grand canapé Louis XVI posé au fin fond d'un salon digne de Versailles.
Nota Bene : Pourquoi les journalistes se flattent-ils toujours de rencontrer des gens célèbres ? Certains, je les connais, vivent dans l'illusion qu'ils ont fait copain-copain avec ces gens. Ils les appellent désormais par leur prénom, alors que leur interlocuteur a déjà oublié leur visage. Mais il me semble aussi que l'orgueil ne se situe pas seulement dans le fait de les avoir rencontrés, mais dans celui que ces célébrités (parmi lesquelles de grands esprits parfois), aient daigné leur accorder quelques minutes de leur vie. On se réjouit d'être entré dans la biographie d'un grand homme, en quelque sorte. Si un jour un futur petit Kubrick tente de reconstituer jour par jour la vie de ce people, il tombera sur nous, se dit-on. Nous voici dans l'Histoire. Vanitas.
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